De la parenté à la parentalité PAP

 

CM005 04.05.06

Les souffrances familiales 

 

 

Plan :

A. STRUCTURATION DU GROUPE FAMILIAL

1. La famille comme groupe de transmission

2. Les héritages familiaux

3. Les fonctions de l’Appareil Psychique Familial (APF)

4. Les missions de la famille

 

B. LES SOUFFRANCES FAMILIALES ET L’ANGOISSE DE PERTE DE LIENS

1. Du rôle de la crise

2. Les secrets familiaux

3. Les défaillances de la contenance familiale et leurs effets

4. Les apports des analystes de la famille

 

 

Références bibliographiques :

_ Revue : le divan familial

_ A. Eiguer : le générationnel, DUNOD

_’    ‘,  Souffrances dans la famille, 2003

_ ‘    ‘, Crises familiales : violences et reconstruction, 2005

_ Françoise Gourdin : Le secret de Clara, l’héritage de Clara, un mariage d’amour

_ Film : Festen

 

 

INTRODUCTION

Depuis les années70, la famille en France a changé dans ses formes : familles séparée, recomposée, mosaïque, , monoparentale, homoparentale…

Ces changements et/ou métamorphoses sont révélateurs d’une profonde modification des rapports sociaux et familiaux, de sexe et de parents et ont des effets sur les figures du père, de la mère et de l’enfant : se pose la question de leur place.

Ces nouvelles formes de famille réactualisent la question du lien intra-familial et conjugal tant du côté des parents que des enfants précisément elles interrogent les modalités de la transmission de l’interdit de l’inceste. Quelle place pour l’Œdipe dans la post modernité ? Dans ces contextes, les fonctions assurées par le père de la réalité se répartissent différemment mais restent toujours extrêmement liées à la mère, c'est-à-dire à la fois dans son rapport à la fonction paternelle et dans son rapport au couple dont est issu l’enfant.

L’enfant selon son sexe est ainsi amené à élaborer les places et fonctions de chacun avec cette nouvelle donne familiale. Dans ce contexte, on va interroger différents aspects.

 

 A. STRUCTURATION DU GROUPE FAMILIAL

1. La famille comme groupe de transmission

 

Depuis quelques années, les psychologues, psychanalystes manifestent un intérêt constant pour la question de la transmission de la vie psychique entre les générations, transmission intergénérationnelle et transgénérationnelle : qu’est ce qui me vient de l’autre ? Qu’est ce qui m’est transmis et que je transmets ? Dont je bénéficie ou qui me ruine ? (Aïe, mes aïeux…)

Question de l’héritage. L’enjeu de ce débat est contemporain de la naissance de la psychanalyse elle-même. Il faut noter l’intérêt de Freud pour la transmission de la vie psychique, de la névrose, entre les générations. La transmission de la névrose insiste sur les difficultés de la cure et pose la problématique du transfert et du contre transfert : précisément le transfert sur l’analyste.

La transmission psychique entre générations s’exprime dans l’hypothèse de la transmission phylogénétique. Dans totem et tabou, Freud distingue la transmission par identification aux modèles parentaux de la transmission générique (génération en génération) constituée des traces mnésiques de génération aux  générations antérieures.

Le premier processus se rapporte à l’histoire du sujet et le second à la préhistoire du sujet. Ainsi pour introduire le narcissisme, Freud met l’accent sur les investissements, sur les affectations de place et prédispositions dans le processus de la transmission  cad que dés la naissance, le bébé est  dépositaire, héritier, serviteur des rêves et des désirs irréalisés de ses parents. Dans la psychologie des masses et l’analyse du moi, Freud nous montre comment s’effectue le passage d’un objet individuel à un objet devenu commun par tous les membres d’une institution et plus particulièrement l’institution familiale.  Ce qui se transmet est essentiellement transmis par les identifications, ce sont des objets psychiques cad des affects, des représentations et des fantasmes.

R. Kaès considère l’identification comme le processus majeur de la transmission. Ce qui se transmet ce sont : la faute, la maladie, la honte : de soi : de sa famille : sa classe sociale, la haine, le refoulé, les objets perdus et encore endeuillés, la crypte (part maudite de l’héritage), le fantôme, le télescopage entre générations : le compte des dettes et des mérites familiaux.

Aussi ce qui se transmet n’est pas seulement du négatif, c’est aussi ce qui soutien et assure les continuités narcissiques, le maintien des liens intersubjectifs, les idéaux, mécanismes de défense, identifications, pensées de certitude et de doute. Seul le transfert sur l’analyste est indicateur des rapports entre l’analysant et son statut de sujet de la transmission. D’où l’importance de recourir à une thérapie familiale pour comprendre les ratés de la transmission.

 

2. Les héritages familiaux

La part maudite de l’héritage du pdv de la normalité et de la psychopathologie.

Importance du secret, des blancs de mémoire, des deuils enfouis, traumatismes engloutis, des legs psychiques, identification, déni, clivage, négatif, impensable, irreprésentable, le surmoi, le symbolique, le sentiment inconscient de culpabilité.

L’idée d’intersubjectivité familiale est renforcée par le secret caché, les tiroirs, les clés retrouvées, les trésors enfouis ou les pulsions voraces.

La thérapie familiale psychanalytique par rapport à ces héritages maudits a amené de nouvelles techniques thérapeutiques :

-         Importance du génogramme

-         Technique du spatiogramme

-         Dessin de la carte de la famille

-         Importance du psychodrame psychanalytique

 

3. Les fonctions de l’Appareil Psychique Familial (APF)

Pour les analystes groupalistes, il y a aussi un APF. Selon Alberto Eiguer les fonctions de l’APF sont :

*      Une fonction de contenance des angoisses archaïques

Correspond à la fonction de parexcitation, de dépositaire des éléments symboliques, d’étayage des éprouvés bruts du nourrisson.

 

*      Une fonction de liaison

La famille constitue à la fois un lien intrapsychique et intersubjectif : le nouveau né peut utiliser ses vécus psychiques pour s’auto-contenir et organiser sa propre psyché ainsi que pour établie des relations objectales au sein de son groupe familial et à l’extérieur.

*      Un rôle de transformation

Cette fonction concerne le travail psychique assuré par l’environnement familial de l’enfant qui accueille les éprouvés sensoriels du bébé et lui restitue des vécus psychiques.

 

*      Une fonction de transmission

Renvoie à la façon dont chaque famille va donner à l’enfant les clés d’accès au monde= la façon d’appréhender le monde extérieur et d’organiser le monde interne coloré par les fantasmes personnels.

 

à Avec cette fonction de transmission, se trouve introduite la dimension historique de l’APF, celle-ci articule en effet deux dimensions structurales de la famille.

1/ Héritage parent-enfant

La première dimension est intragroupale : définie par le groupe parent-enfant. C’est une dimension générationnelle, historique qui renvoie à la succession des générations  et à la transmission psychique entre elles : l’individu ne peut complètement construire sa propre histoire, il s’enracine dans une histoire familiale qui le précède, dans laquelle il va puiser la substance de ses fondations narcissiques et prendre une place de sujet.

2/ Héritage entre générations

Un héritage lui est aussi transmis par les générations précédentes :

    a. Héritage intergénérationnel

Constitué des vécus psychiques élaborés cad des fantasmes, des images, identifications qui organisent  une histoire familiale, un récit  mythique dans lequel chaque sujet peut trouver les éléments nécessaires  à la constitution de son roman familial individuel névrotique.

     b. Héritage transgénérationnel

Constitué d’éléments bruts, non élaborés, transmis tels quels, issus d’une histoire lacunaire marquée de vécus traumatiques, de non-dits et de deuils non faits. Cet héritage, faute d’avoir été élaboré par la ou les générations précédentes, ses éléments bruts font irruption chez les héritiers, traversent leur espace psychique sans appropriation possible. Mais il n’y a pas que des aspects pathologiques.

 

4. Les missions de la famille

La famille assure plusieurs missions, c’est un groupe spécifique, caractérisé par des liens d’alliance et de filiation et par des interdits qui régissent ces liens, plus particulièrement deux interdits majeurs : l’inceste et le meurtre.

Aussi la famille articule les relations entre ses membres et entre les générations en fonction de l’histoire et des mythes qui sont les siens. La famille appartient aussi à un ensemble social et culturel et à ce titre doit articuler la place de chaque sujet de la famille avec sa place dans l’ensemble social.

La tâche de la famille est donc une tache d’articulation et de perpétuation. Elle doit se prolonger au-delà de la mort des individus et donc intégrer les changements liés à la mort individuelle. Elle doit se conserver identique à elle-même malgré les aléas inévitables des alliances avec d’autres familles, elle doit s’adapter et pratiquer l’exogamie.

Risque des familles autarciques : indices de pathologies dans les familles.

à Toutes ces tâches sont sans cesse remises en question à cause et à l’occasion des évènements qui jalonnent toute vie familiale : heureux ou malheureux. Ils font effraction voire traumatisme car ils attaquent la parexcitation familiale et perturbent l’équilibre préexistant.

Si certains évènements sont porteurs d’espoir et constituent une projection vers le futur et un changement vers le mieux-être, d’autres sont mortifères ramenant vers un paradis perdu ou répétant les traumatismes antérieurs. La façon dont la famille vit ses traumatismes dépend naturellement de l’évènement lui-même et surtout du sens donné à cet évènement et de son inscription possible dans l’histoire familiale.

L’issue élaboratrice du traumatisme est donc subordonnée aux capacités de contenance de l’APF. Elle passe par une acceptation de changement.

Deux possibilité de mise en passé des évènements :

_ Pas de travail de deuil : syndrome de la chambre vide : ce qui est traumatique pour une famille ne le sera pas pour une autre.

_ Le traumatisme entraîne une souffrance qui met à l’épreuve la fonction psychique familiale et la réponse immédiate est un renforcement des liens familiaux comme défense contre l’effondrement.